19/06/2014

L'empereur des bouffons, le frère de n'importe qui


Vladimir Vissotsky - Plus rien ne va
Mis en ligne par Musa Punhan


Sommeillant, je vois la nuit
Des crimes lourds où l’on saigne
Pauvre moi, pauvre de moi,
L’outre est pleine à craquer

Au matin comme il est âcre
Le goût du vin maudit 
Va, dépense tout mon crédit
Car j’aurai soif aujourd’hui

    Rien ne va, plus rien ne va
    Pour vivre comme un homme, un homme droit
    Plus rien ne va
    Pour vivre comme un homme droit

Dans tous le cabarets sans fond
Où je m’enterre chaque nuit
Je suis l’empereur des bouffons
Le frère de n’importe qui

Je vais vomir mon repentir
Au pied des tabernacles
Mais comment prier dans la fumée
De l’encens des diacres

Et comme un vieux loup dans les bois
En fuyant le pire
Je suis resté tout seul avec moi
Près des montagnes où l’on respire

C’est là, que je voulais trouver
Un air nouveau plus haut... Mais,
Qui reconnaît de loin
Un vrai sapin d’un faux sapin?

    Rien ne va, plus rien ne va
    Pour vivre comme un homme, un homme droit
    Plus rien ne va
    Pour vivre comme un homme droit

Loin de tout manège je suis ma vie
En laissant ma trace dans la neige
Pour qu’il me retrouve l’ami qui me suit
Loin de tout cortège

Ah, venez, levez-vous, venez par ici
devant et derrière
Nous n’avons que faux amis,
Faux amours, faux frères

Vois-tu les sorcières ici ou là
Dans la forêt qui bouge
Vois-tu le bourreau tout là-bas
Avec son habit rouge

Plus rien ne va ici déjà
Sur mon chemin de terre
Mais j’ai bien peur que l’au-delà
Ressemble à un enfer

    Rien ne va, plus rien ne va
    Pour vivre comme un homme, un homme droit
    Plus rien ne va

    Pour vivre comme un homme droit

Plus rien ne va est l'adaptation libre en français, par Vissotsky lui-même, d'une de ses chansons russes les plus connues, Моя цыганская (ma chanson tsigane) :




Vladimir Vissotsky - Моя цыганская
Mis en ligne par imagine 2020


Des lumières jaunes pénètrent mon sommeil
Et je gémis dans mon rêve
Attends un peu, attends un peu
Le matin porte conseil.

Mais au matin, ça ne va pas.
C’en est fini de la gaîté
Et on fume à jeun
Ou bien on boit pour dissiper l’ivresse.

    Allons, encore, encore une fois
    Encore beaucoup, beaucoup de fois
    Encore, encore une fois
    Et on boit pour dissiper l’ivresse

Les cabarets, tentures vertes
Et serviettes blanches
Paradis pour les mendiants, et les bouffons
Mais moi j’y suis comme un oiseau en cage

Dans l’église puanteur et pénombre
Les diacres agitent l’encensoir
A l’église non plus, ça ne va pas.
Rien ne va comme il faudrait!

Je me réfugie en hâte sur une montagne
Afin d’éviter le pire
Au sommet se dresse un aulne.
Au pied de la montagne, un cerisier

Pouvoir couronner la pente de lierre.
Même cela me consolerait un peu...
Ou bien peut-être quelque chose d’autre
Rien ne va comme il faudrait!

    Allons, encore, encore une fois
    Encore beaucoup, beaucoup de fois
    Encore, encore une fois
    Rien ne va comme il faudrait!

Alors je vais à travers champs, je longe une rivière
Le clair-obscur, pas de Dieu
Et dans le champ immense, des myosotis.
Une grand’ route.

Le long de la route, une forêt touffue
Hantée de sorcières
Et au bout de cette route
Un billot avec des haches.

Là-bas des chevaux dansent en mesure
Sans plaisir, avec aisance
Le long de la route, ça ne va pas.
Et au bout, encore moins.

Ni l’église, ni le cabaret
Rien n’est sacré
Non les amis, rien ne va 
comme il faudrait!

    Allons, encore, encore une fois
    Encore beaucoup, beaucoup de fois
    Encore, encore une fois

    Rien ne va comme il faudrait, les amis!



Traduction de Michèle Kahn, 1977


On trouvera une autre traduction en français de Моя цыганская ici par Jean-Jacques Marie.

L'occasion de recommander le site wysotsky.com, y compris sa fabuleuse database d'accents toniques (à plutôt lire avec Firefox) qui permet aux apprentis en langue russe comme moi d'espérer se débrouiller un jour, peut-être, des ïambes, dactyles, trochées et anapestes qui font tout le charme slave de la poésie et de la chanson...



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