12/08/2010

‘A fatica




Gruppo operaio 'e Zezi - Tammuriata dell'Alfasud, 1976
Mis en ligne par nostoz


'E Zezi, "groupe ouvrier" comme son nom l'indique, s'est formé en 1975 dans (et autour de) l'Alfasud de Pomigliano d'Arco près de Naples. L'usine automobile Alfasud, dont la première pierre fut posée en 1968 par Aldo Moro (ce sont des choses qui ne s'inventent pas) employait cinq mille ouvriers venant pour partie d'entreprises petites ou moyennes de la  proche Campanie (1) et pour l'autre part directement de la campagne, de l'hinterland autour de Pomigliano. D'où un choc des cultures - ouvrière qualifiée et syndicale d'un côté, paysanne et clientéliste de l'autre - aussi rétives l'une que l'autre à la chaîne de montage et à la parcellisation des tâches. D'où, aussi, une série de luttes âpres et très spécifiques qui donnèrent naissance à une figure archétypale, celle de l'ouvrier du sud "absentéiste et microconflictuel", en révolte contre le travail, ‘a fatica (2).






'E Zezi présente une sorte d'allégorie musicale de cette situation - dans une forme traditionnelle, la tammuriata, une expression ouvrière des  rapports sociaux sur un site industriel. Une tarentelle de la révolte, comme cette Tammuriata qui donne son nom à leur premier disque, et qui pourrait être simplement le son et le chant d'un cortège interne, d'une manifestation dans l'usine. Mais venant de beaucoup plus loin.

(1) Dont une bonne quantité de maçons qui avaient travaillé à la construction des ateliers.

(2) En italien standard, en promessisposi comme dirait René Ehni, la fatica c'est la peine, l'effort, la difficulté. Pour le Napolitain qui ne connaît pas l'immatériel lavoro, ‘a fatica c'est tout simplement le travail - profonde sagesse, qui n'a pas besoin de deux mots pour suggérer que travailler fatigue.








'E Zezi a trente-cinq ans d'existence, a vu passer plus de deux cents musiciens et chanteurs, a survécu aux inévitables différends et tribulations... voir l'Officialuèbsait du groupe.
Il existe (existait ?) un livre: Il Vesuvio nel motore
et un disque qu'on peut se procurer via il Manifesto : diàvule a  quàtto
et un texte d'Angelo de Falco, un des fondateurs du groupe, sur le site de Daniele Sepe (qui a aussi participé) : O stabbilimento ‘a fatica - l'usine, le travail.



Et pendant ce temps-là : mauvaises nouvelles.